Parole de Minot Saison 3 đŸ‡ŠđŸ‡«đŸ•Š : RĂ©cit d’Ibrahim, minot afghan de 20 ans, arrivĂ© Ă  Marseille depuis 3 ans.


1Ăšre partie. Le parcours :


Bonjour, je m’appelle Ibrahim, j’ai 20 ans. J’habite Ă  Marseille et je viens de l’Afghanistan. Je suis Ă  Marseille depuis plus de deux ans et demi. J’avais dĂ©jĂ  fait un parole de minot en juin 2019.


En Afghanistan, je suis nĂ© dans la province de Wardak, au nord de Kaboul. J’ai grandi et j’ai Ă©tĂ© scolarisĂ© en Afghanistan, puis je me suis retrouvĂ© dans une situation financiĂšre trĂšs compliquĂ©e. Il y avait aussi des risques d’insĂ©curitĂ© car les talibans posaient des bombes dans les Ă©coles, faisaient des attentats, volaient les gens.


Quand j’avais 14, 15 ans, je me suis dit que c’Ă©tait mieux de quitter l’Afghanistan car les familles n’avaient pas les moyens de payer l’école et mĂȘme il n’y avait pas les professeurs. L’école ce n’était pas une maison, c’était comme des bĂąches en plastiques avec des poteaux en bois qui n’existait que l’étĂ©. Sinon c’est l’Ă©cole religieuse dans la mosquĂ©e.


AprĂšs je suis allĂ© en Iran avec des collĂšgues car beaucoup de mon village y vivaient. J’ai travaillĂ© lĂ  bas, pour trouver un logement c’est plus facile qu’en France, mais le risque c’est de se faire arrĂȘter par la police quand on est sans papiers, car on peut ĂȘtre renvoyĂ© de suite en Afghanistan et c’est trĂšs frĂ©quent. Chaque jour, c’est des centaines d’Afghans qui entrent en Iran et le gouvernement demande une taxe, c’est devenu un business.


En Iran, il n’y a pas de lois pour l’intĂ©gration, c’est trĂšs difficile d’avoir des papiers pour un travail lĂ©gal. Ceux qui sont arrivĂ©s il y’a plus de 20 ans, 30 ans ont un renouvellement chaque annĂ©e et ceux qui arrivent aujourd’hui n’ont aucune chance d’avoir une carte. En plus quand tu as une carte de sĂ©jour, c’est pour faire des mĂ©tiers particuliers comme dans le bĂątiment, dans les carriĂšres, les mines, ou l’agriculture. Je voyais les jeunes iraniens de mon Ăąge qui allaient Ă  l’école et moi j’étais obligĂ© de faire ces mĂ©tiers-lĂ . C’est pour ça que j’ai dĂ©cidĂ© de ne jamais revenir en Afghanistan et de quitter l’Iran.


C’est comme ça que je suis parti en Turquie avec des amis, on Ă©tait cachĂ© dans les camions. Puis de la Turquie, je suis restĂ© presque un mois et on a pris le petit bateau. On est arrivĂ© jusqu’à cĂŽtĂ© de l’üle de Samos en GrĂšce et c’est la police sur les bateaux qui nous a amenĂ© sur un grand bateau pour aller Ă  AthĂšnes. On a eu de la chance, il y’a des gens qui font 5 fois, 10 fois la traversĂ©e, qui est trĂšs dangereuse car on est sur des zodiacs abĂźmĂ©s, et la police les ramĂšne chaque fois en Turquie.


Toujours avec les mĂȘmes amis, on a payĂ© un billet illĂ©gal pour monter dans le ferry Ă  Patras et arriver en Italie. Petit Ă  petit, on a commencĂ© Ă  se sĂ©parer. Certains Ă©taient restĂ©s en GrĂšce pour aller en Allemagne. D’autres depuis l’Italie ont voulu aller en Suisse. On est arrivĂ© Ă  trois Ă  Nice. On a chacun eu une opp par le juge Ă  Nice pour ĂȘtre mis Ă  l’abri. Puis un est restĂ© Ă  Nice, un a Ă©tĂ© transfĂ©rĂ© Ă  Paris, et moi j’ai Ă©tĂ© transfĂ©rĂ© Ă  Marseille.


Moi, j’étais avec un malien et on nous a envoyĂ© Ă  Marseille en nous disant que des Ă©ducateurs allaient venir nous chercher Ă  la gare. Quand nous sommes arrivĂ©s Ă  la gare, il n’y avait personne. On a dormi trois jours dehors. On est allĂ© Ă  la police, ils nous ont dit d’aller Ă  la DIMEF. On est restĂ© 15 jours Ă  l’hĂŽtel, puis on nous a demandĂ© de partir car il n’y avait pas de places. On est reparti dans le bureau de la DIMEF, place Castellane. LĂ  il n’y avait pas de solutions et ce sont d’autres jeunes qui nous ont parlĂ© du squat St Just. On y est allĂ© et on y est restĂ© deux mois. C’était en fĂ©vrier 2019.


En avril j’ai pu enfin ĂȘtre mis Ă  l’abri, je suis restĂ© un an et demi Ă  l’hĂŽtel. C’était bien au dĂ©but, aprĂšs c’était compliquĂ© car il fallait aller chercher les repas loin et car on Ă©tait deux dans la chambre. En septembre 2019, j’ai pu commencer l’école pour faire un vrai apprentissage du français. En janvier 2020 comme j’avais bien progressĂ©, j’ai pu faire un bac pro dans un domaine qui me plait. J’ai dĂ» beaucoup travaillĂ©, avec le confinement c’était compliquĂ© mais j’ai rattrapĂ© le retard et aujourd’hui je commence la derniĂšre annĂ©e de Terminale.


Plus tard, j’aimerai continuer avec un BTS en alternance. Aujourd’hui je me sens libre et en sĂ©curitĂ©, on m’a accordĂ© une carte avec la protection subsidiaire pour 4 ans. Quand je marche dans la rue, je n’ai pas peur de me faire agresser.

✌ RDV Vendredi pour la suite et fin du rĂ©cit d’Ibrahim qui parlera de la situation de son pays et de son point de vue sur le retour des talibans. Partagez, likez, boulĂ©guez ✌

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