Livre 2 Minot ✍️ : Bonjour, je m’appelle Idrissa. J’ai 16 ans et demi et je suis né dans un petit village de Gambie.

J’ai quitté mon village et mes parents à l’âge de 5 ans pour aller vivre dans le village de ma grand-mère. J’ai vécu là bas jusqu’à l’âge de 12 ans. A la mort de ma grand-mère, je suis retourné dans le village de ma mère. Je suis allé au collège, mais ma mère avait divorcé de mon père. Elle a eu des enfants avec un autre mari. Ils avaient fait une petite famille, je n’avais pas ma place et je n’étais pas le bienvenu là bas. Du coup, je vivais chez mon oncle à qui ma mère m’a confié.

Après 3 ans de collège, mon oncle un jour est parti en voyage au Sénégal et il m’a demandé de venir avec lui. Puis du Sénégal, on est allé au Mali. Après on est allé au Niger. A partir du Niger, on est arrivé à Agadez. On cherchait de rentrer à la frontière de la Libye. On a pris un 4×4 qui avait 12 passagers. Nous étions entassés sur le porte bagage qui était à l’arrière. Au milieu de la route, presque à la frontière de la Libye, on s’est fait arrêter. Je ne sais pas si c’était des bandits ou des rebelles. Ils nous ont dit qu’il fallait donner chacun de l’argent pour passer. Je ne savais pas la somme mais mon oncle a géré.

On a passé le Niger, on est entré en Libye. En Libye aussi on s’est fait arrêter de nouveau. De là, on avait pas d’argent car mon oncle avait donné tout aux premiers rebelles. Du coup, comme on n’avait pas d’argent, on nous a emprisonné dans des camps pour arnaquer chacun de nous en demandant de l’argent en appelant au pays. Comme moi j’étais avec mon oncle, j’étais petit, c’est lui qui a appelé. Mais ce n’était pas suffisant. Alors les arabes ont décidé de me laisser passer moi et de garder mon oncle. Mon oncle était d’accord avec ça, c’était au bout de neuf jours. Mon oncle a demandé au moins qu’on m’amene jusqu’à Sabra qui est une ville de Libye. On est arrivé à Sabra, tout le monde cherchait à rejoindre Tripoli. Le cokseur, c’est celui qui traduit aux africains quand on les arnaque et qui fait le voyage avec le chauffeur. Du coup, c’est lui qui m’a amené chez un arabe. Je ne sais pas si j’ai été vendu.

L’arabe, il n’a pas été méchant. J’ai travaillé 3 semaines pour lui aux champs. Après c’est lui qui m’a fait traverser pour aller à Tripoli. Et c’est lui même qui avait trouvé une place dans un bateau qui partait le jour même où on est arrivé. Il a parlé 30 min avec le cokseur de Tripoli en arabe et je ne sais pas ce qu’ils se sont dit. Après il m’a dit que j’allais partir en Italie, que ce serait mieux pour moi que de rester en Libye et que lui ne pouvait pas me garder. Le soir même, on a pris un bateau pour aller en Italie.

On a fait 3 nuits sur le bateau car on s’était perdu. On a été secouru par un petit bateau qui nous a ramené dans un grand bateau. On a eu de la chance, tout le monde a été secouru dans mon bateau, il n’y a pas eu de morts. C’est le grand bateau qui nous a fait rentrer en Italie. On nous a tous fait écrire notre nom et notre prénom, c’était un dimanche. Moi, j’avais perdu mes papiers dans l’eau. Il y avait des bénévoles italiens qui voulaient nous aider pour faire venir les papiers. J’ai pu faire ces papiers en Italie.

Après avoir eu mes documents, j’ai décidé de quitter pour aller en France, car j’avais appris le français. Mais ce n’est pas seulement ça, car quand moi j’ai fait la traversée sur le 4×4, j’ai brûlé ma jambe sur le pot d’échappement et les gens du campo me disaient que c’était pas facile d’être soigné en Italie. Tous les gens du campo me disaient qu’en tant que mineur, c’était pas facile de rester en Italie. Certains voulaient aller en France comme moi, d’autres en Allemagne, d’autres en Espagne. Donc moi j’ai suivi ceux qui voulaient partir en France.

Je suis allé jusqu’à Gênes et là on a été bloqué à cause du confinement. Personne ne bougeait, il n’y avait aucun train qui bougeait. On a été à nouveau dans un camp où la Croix Rouge aidait les gens durant tout le confinement. Après les trains ont commencé à circuler, on voulait passer à Montgenèvre et Briançon en train. Mais on n’est pas rentré, on s’est fait attraper par les policiers français. Les français nous ont donné aux policiers italiens qui nous ont retourné en Italie. Moi, je n’avais pas montré mes documents de mineur car on m’avait dit qu’on pouvait me les prendre et me mettre dans un camp de mineurs en Italie où il ne se passe rien.

Je suis allé avec les gens qu’on a fait retourner en Italie et on a réessayé en prenant le même train le lendemain. Du coup, on n’a pas pris le bus pour passer la frontière et on a décidé de traverser la montagne à pied. C’était cet hiver et il y avait beaucoup de neige. Certains sont passés même si les français nous courraient après. Ils avaient une tenue, mais pas comme les policiers à Marseille. Moi, je me suis fait attraper car j’avais mal à la jambe et puis j’avais pris le froid aussi, j’avais de la fièvre. Les français m’ont mis dans une cellule. C’est là que j’ai montré mes documents en disant que j’étais mineur et que je voulais traverser la France. Les français m’ont quand même redonné aux italiens en disant que j’étais mineur et que j’avais beaucoup de fièvre.

Les italiens, avant de m’amener au camp des mineurs, ils m’ont amené à la Croix Rouge, parce qu’ils avaient peur que ce soit le corona. En fait c’est pas le Corona, c’était une fièvre à cause du fatiguement. Dans le camp, j’ai raconté mon histoire et que je voulais aller en France. Les gens m’ont dit qu’ils ne peuvent pas m’aider pour ça mais qu’ils ne peuvent pas m’empêcher d’y aller. C’est comme ça que j’ai trouvé d’autres mineurs comme moi qui voulaient faire pareil. Cette fois, j’ai rencontré un groupe qui m’a dit que c’était plus facile de passer par Vintimille et Menton que par la montagne. C’est comme ça qu’on a réussi à rentrer à Nice.

A Nice, tout le monde voulait partir à Paris, mais les contrôleurs nous attrapaient dans la gare, pour la plupart. Ça a duré 3 jours, on dormait dehors à la gare de Nice, car c’est fermé la nuit. Un matin, j’ai pu prendre le train pour Paris mais on m’a fait descendre à Marseille. Là, j’ai rencontré un gambien à la gare. Il m’a dit que Paris c’était très compliqué car tous les mineurs allaient là-bas. Puis il y a eu la nuit, j’ai dormi dehors. Puis le lendemain, j’ai rencontré des bénévoles qui m’ont hébergé chez eux. Après, je suis allé à l’ADDAP, la dame m’a expliqué. Alors j’ai décidé de rester. La nuit, j’ai encore dormi dehors car il n’y avait pas la place chez les bénévoles.

Le lendemain, j’ai essayé de partir à Paris, mais il y avait les contrôleurs. Le soir, je suis revenu au commissariat et les bénévoles ont pu à nouveau m’héberger. C’est comme ça que le lendemain ils m’ont trouvé une famille où je suis toujours. Maintenant, je me sens bien, mais je me sens un peu seul. Ça fait revenir les souvenirs des mauvaises choses que j’ai vécu au pays et pendant le voyage. J’ai aussi un peu peur du futur car jusqu’à maintenant je ne sais pas où je vais finir. Je suis là-bas pour un temps et je suis en train d’attendre à l’ADDAP pour qu’on m’appelle pour un hébergement ou une prise en charge. Je voudrais reprendre mes études, trouver un chemin et un métier pour faire une vie tranquille et normale. J’espère que j’y arriverai et que je pourrai trouver la tranquillité.

En France, j’ai été accueilli par une bonne famille qui m’aide beaucoup. Notamment pour apprendre la langue française et qui me donne le courage de rester en France. Je voudrais vous partager alors ce livre qu’on m’a fait lire “L’Ile au trésor” qui est une très belle histoire que j’ai presque fini. J’ai tout compris et ça m’a fait beaucoup rigoler, car dans la vie il y’en beaucoup qui cherche le trésor. Même les aveugles sont à la recherche du trésor, car ils le sentent. Qui ne veut pas chercher le trésor d’après vous ? Pour moi, tout le monde veut. Merci beaucoup de m’avoir lu.

✌ Rdv lundi pour une nouvelle parole de minot. Partagez, likez, bouléguez ✌

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