Bonjour, je m’appelle Alassane, j’ai dix-sept ans et je viens de Côte-d’Ivoire 🙂

Parole 2 Minot : Je suis à Marseille depuis des semaines, des mois, bientôt je pourrai même compter en années. Mais ce n’est pas parce qu’on est là depuis longtemps qu’on n’a pas des choses à dire. Des choses à dire, j’en ai plein, j’ai la tête remplie de choses à dire.

Depuis que je suis à Marseille, je me réveille la nuit parce que j’ai trop de pensées dans ma tête qui tournent sans jamais s’arrêter. Mais ce n’est pas facile de parler, je veux bien le faire pour les jeunes qui viennent d’arriver et parce que je sais que personne ne sait qui je suis vraiment.

Dans mon pays, on n’était pas riches mais tant que je vivais avec ma mère je vivais la même vie que tous les enfants autour de moi. J’allais à l’école mais ma mère avait souvent besoin de moi pour le travail aux champs. A quatre ans, je savais déjà me servir d’un outil qu’on appelle la daba et qui sert à préparer la terre et à semer. Pour les enfants d’ici, c’est compliqué à imaginer mais moi c’était ma vie et je l’aimais. Je ne veux pas raconter l’histoire de ma famille mais ce que je peux vous dire c’est que la polygamie, ce n’est pas bon, ça fait beaucoup de malheur dans tous les pays en Afrique. Les adultes se font la guerre et c’est nous les enfants qui sommes malheureux.

Quand j’ai pris la décision de partir, je n’imaginais pas que ce serait si difficile, surtout pendant le séjour en Libye où on m’a fait beaucoup de mal, mais j’essaie d’arrêter d’y penser.

Depuis que je suis en France, j’ai connu beaucoup de malheurs aussi, au point que j’ai cru à un moment que je ne m’en sortirai pas. On m’a envoyé à l’hôtel loin de Marseille alors que j’étais scolarisé en centre-ville. J’ai décidé que j’allais quand même continuer à aller à l’école, du coup je faisais plus de quatre heures par jour entre les bus dans les deux villes et le train et tout ça pendant sept mois. Mais j’ai tenu bon et j’ai eu ma première année de CAP.

Aujourd’hui, je suis en deuxième année et j’espère que je vais pouvoir commencer à travailler cet été. Je voudrais quand même donner de l’espoir aux autres jeune : moi par exemple, j’ai été déminorisé et ça m’a traumatisé mais j’ai réussi à récupérer au pays des papiers qui prouvent mon âge. Maintenant je suis à nouveau reconnu mineur mais je reste inquiet et angoissé en espérant qu’il y ait un avenir pour moi ici. Je m’en suis sorti grâce aux personnes de bonne volonté qui m’entourent. Être un enfant dans la rue, ce n’est pas facile du tout.

Il y a une chose que j’aime par-dessus tout et dont je voudrais vous parler, pour finir, c’est la danse, et surtout, l’afro dance. Je vous mets le lien d’une vidéo de Yap’s Jolito qui est un des meilleurs danseurs.

✌️ Rdv lundi pour une nouvelle parole de minot. Partagez, likez, bouléguez ✌️

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