Trajet de Minot ✍️ : Bonjour, je m’appelle Nohan, j’ai 16 ans et je suis ivoirien.

J’ai quitté mon pays car j’ai été abandonné par les parents de mon père parce qu’ils ont dit que je n’étais pas né pendant le mariage. Ma mère m’a donné à son papa mais il n’aimait pas ma mère et il était aussi contre moi. Un jour il m’a dit de quitter la maison sinon je serais responsable de tous les malheurs qui pourraient m’arriver. J’ai parlé avec sa femme, ma grand-mère et je lui ai demandé si elle pouvait parler avec son mari. Elle a tout essayé mais m’a dit qu’il fallait que je parte sinon il allait me faire du mal. Donc je suis parti de la maison, je n’avais pas le choix. Je ne savais pas où était ma maman alors je suis resté longtemps dans la rue. On m’a dit que ma maman était très malade, qu’elle était allée se faire soigner dans un village. Quand j’ai quitté la maison, je ne savais pas où elle était. Je demandais de la nourriture et de l’argent dans la rue pour ne pas mourir de faim, je dormais dehors. J’ai eu beaucoup de problèmes dehors. Il y a des gens qui venaient m’agresser, je me suis fait tabasser, et j’ai eu deux accidents. La première fois c’était un taxi, la deuxième fois c’était une moto. C’était très grave, j’ai perdu des dents, mon pied a été cassé. La personne qui m’a cogné ne s’est pas arrêtée, elle a continué son chemin. J’ai eu une vie très difficile. Je suis resté à la gare de KS (société de bus). Un jour, un monsieur est venu me voir là-bas, il m’a dit “mon petit, on m’a dit que tu as été chassé de la maison”, j’ai dit “oui mais comment tu le sais ?”, il m’a répondu qu’il était le petit frère de ma mère. Moi je ne l’ai pas cru, comment il pouvait connaître ma mère ? Du coup il m’a montré une photo de ma mère et là j’ai pris conscience que c’était vrai. Il a dit qu’il allait venir me voir plus tard. Il m’a donné un peu d’argent et je me suis payé de la nourriture avec. Deux jours après, il est revenu me voir et m’a dit qu’il allait m’envoyer dans un pays pour que ma vie soit bien. Je lui ai dit “moi je ne connais personne là-bas, est-ce que tu vas venir avec moi ?”. Il a dit qu’il pouvait m’accompagner. S’il n’avait pas dit ça, je ne serais pas parti. Nous sommes partis à Abidjan, la capitale de la Côte d’Ivoire, puis on est allé au Mali. Après on est allé en Algérie (je ne connaissais pas ce pays). Il m’a dit qu’il avait quelque chose à faire en Algérie, qu’il avait un ami dans un pays à côté de l’Algérie. Il m’a dit que son ami allait venir me chercher et qu’il nous rejoindrait là-bas. Je suis parti avec son ami, le voyage a été long alors que je pensais que c’était pas loin. On est arrivé en Libye, le pays qui n’était pas loin dont il parlait (c’est en arrivant là-bas que j’ai appris que c’était la Libye). Il m’a dit qu’un arabe allait venir me chercher. Quand l’arabe est arrivé, il m’a dit qu’il allait m’emmener et que le petit frère de ma mère allait me rejoindre là-bas. Quand il m’a dit ça, je lui ai dit que le petit frère de ma mère m’avait dit qu’il me rejoindrait chez lui. Là, il m’a giflé et m’a dit “Est-ce que tu penses que tu vas rester chez moi ici et que je vais te nourrir ? On t’a déjà vendu.” J’ai dit “Pourquoi il m’a fait ça ?”, il a répondu “C’est au petit frère de ta mère qu’il faut demander ça”. J’ai dû monter dans la voiture de l’arabe, je n’avais pas le choix. C’est quand on est arrivé chez lui que j’ai connu l’enfer. Là-bas, on me maltraitait, je mangeais à 14h et je devais attendre le lendemain à 14h pour manger à nouveau. J’étais enfermé dans une petite pièce. Il avait beaucoup de moutons, il m’a dit que je devais m’occuper de tout avec les moutons et il m’a montré son arme en disant “Si un mouton un jour a un problème, je te tue je te le jure.” La femme de l’arabe m’a dit que j’étais petit et m’a demandé ce que je faisais ici. J’ai dit que j’avais été vendu par quelqu’un et elle m’a dit que si j’avais des parents, je pouvais les appeler pour qu’ils paient pour me récupérer, sinon son mari allait me faire du mal. Elle m’a dit que si je pouvais m’échapper il fallait que je le fasse. C’est là que je me suis échappé. J’ai marché au bord de la route sans chaussures. Une voiture est passée, la personne qui m’a pris m’a donné à la police. La police m’a enfermé. Je suis resté là-bas. Le chef de la police m’a demandé comment je m’étais retrouvé ici alors je lui ai raconté mon histoire. Il a eu pitié de moi, il m’a dit qu’il avait un ami qui faisait traverser les jeunes. J’ai demandé “traverser où” ? Il m’a dit “la mer”. J’ai dit que je ne pouvais pas traverser la mer. Il m’a dit que sinon je devais rester enfermé en prison. J’ai réfléchi, je ne pouvais pas rester en prison, j’étais obligé de traverser. Même si je mourrais dans la mer, c’était mieux que de mourir en prison. Donc son ami est venu, je lui ai raconté mon histoire, il m’a donné à manger chez lui jusqu’au jour où il nous a mis dans un bateau. Quand on est arrivé au bord de l’eau, j’ai eu peur, j’ai beaucoup pleuré. Il m’a dit que tout le monde allait arriver. Ils étaient beaucoup ceux qui nous envoyaient sur les bateaux, ils avaient des kalachs. Là on nous a mis sur l’eau, on a fait quatre jours, et Dieu merci un bateau nous a sauvés et nous a emmenés en Sicile. Quand on est arrivé en Italie selon moi je pensais qu’on parlait français là-bas donc c’était un peu compliqué la langue. J’ai rencontré des tunisiens qui m’ont dit qu’ils allaient en France, j’ai demandé si je pouvais venir avec eux, ils ont dit bien sûr alors je suis parti avec eux. C’est là que je me suis retrouvé ici en France. Pour finir, je voudrais vous partager cette chanson car je la trouve très douce ✌️ Rdv lundi pour une nouvelle parole de minot. Partagez, likez, bouléguez✌️

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *