Parole 2 Minot : Aujourd’hui, j’ai 16 ans. Il y a beaucoup de choses qui ont changé, beaucoup de choses que je n’avais pas fait que j’ai commencé à faire.
Maintenant je joue au foot, je vais à l’école, j’ai des amis, je suis tranquille. Je ne pense plus trop aux choses auxquelles je pensais avant. Maintenant je parle français, d’ailleurs ce que je dis là je le dis en français, plus besoin de traduire. J’ai fait un stage de deux semaines de mécanicien et ça s’est passé bien. Je cherche un autre stage, mais à cause du covid je ne trouve pas. J’attends la fin du confinement. Vraiment quand je regarde les derniers mois, je suis content d’avoir fait tout ça.
La chanson que je voudrais vous partager c’est celle de mon idole Michael Jackson “Black or White”. J’aime cette chanson car j’ai beaucoup vu le racisme en Italie. Dans cette chanson, il dit que nous sommes tous les mêmes, blancs, noirs. Il n’y a pas de différences, les blancs et les noirs doivent pouvoir aller dans n’importe quel lieu. Personne n’est né pour aimer faire des bêtises.
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Parole 2 Minot : Je suis à Marseille depuis des semaines, des mois, bientôt je pourrai même compter en années. Mais ce n’est pas parce qu’on est là depuis longtemps qu’on n’a pas des choses à dire. Des choses à dire, j’en ai plein, j’ai la tête remplie de choses à dire.
Depuis que je suis à Marseille, je me réveille la nuit parce que j’ai trop de pensées dans ma tête qui tournent sans jamais s’arrêter. Mais ce n’est pas facile de parler, je veux bien le faire pour les jeunes qui viennent d’arriver et parce que je sais que personne ne sait qui je suis vraiment.
Dans mon pays, on n’était pas riches mais tant que je vivais avec ma mère je vivais la même vie que tous les enfants autour de moi. J’allais à l’école mais ma mère avait souvent besoin de moi pour le travail aux champs. A quatre ans, je savais déjà me servir d’un outil qu’on appelle la daba et qui sert à préparer la terre et à semer. Pour les enfants d’ici, c’est compliqué à imaginer mais moi c’était ma vie et je l’aimais. Je ne veux pas raconter l’histoire de ma famille mais ce que je peux vous dire c’est que la polygamie, ce n’est pas bon, ça fait beaucoup de malheur dans tous les pays en Afrique. Les adultes se font la guerre et c’est nous les enfants qui sommes malheureux.
Quand j’ai pris la décision de partir, je n’imaginais pas que ce serait si difficile, surtout pendant le séjour en Libye où on m’a fait beaucoup de mal, mais j’essaie d’arrêter d’y penser.
Depuis que je suis en France, j’ai connu beaucoup de malheurs aussi, au point que j’ai cru à un moment que je ne m’en sortirai pas. On m’a envoyé à l’hôtel loin de Marseille alors que j’étais scolarisé en centre-ville. J’ai décidé que j’allais quand même continuer à aller à l’école, du coup je faisais plus de quatre heures par jour entre les bus dans les deux villes et le train et tout ça pendant sept mois. Mais j’ai tenu bon et j’ai eu ma première année de CAP.
Aujourd’hui, je suis en deuxième année et j’espère que je vais pouvoir commencer à travailler cet été. Je voudrais quand même donner de l’espoir aux autres jeune : moi par exemple, j’ai été déminorisé et ça m’a traumatisé mais j’ai réussi à récupérer au pays des papiers qui prouvent mon âge. Maintenant je suis à nouveau reconnu mineur mais je reste inquiet et angoissé en espérant qu’il y ait un avenir pour moi ici. Je m’en suis sorti grâce aux personnes de bonne volonté qui m’entourent. Être un enfant dans la rue, ce n’est pas facile du tout.
Il y a une chose que j’aime par-dessus tout et dont je voudrais vous parler, pour finir, c’est la danse, et surtout, l’afro dance. Je vous mets le lien d’une vidéo de Yap’s Jolito qui est un des meilleurs danseurs.
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Parole 2 Minot : J’ai 16 ans et je viens de Guinée Conakry. Je viens juste d’arriver à Marseille aujourd’hui. Si j’ai quitté l’Italie, c’est pour faire les études et apprendre un métier comme conducteur de poids lourd. Inch’allah l’avenir ça ira, je vais atteindre mes objectifs.
La chanson que je voudrais vous partager est de Soul Bangs et s’appelle “Mikhi”. Mikhi, ça veut dire “les gens” en langue soussou. “Mikhi kobi” c’est “les gens qui sont pas bons”, qui sont mauvais quoi. Pour moi cette chanson me rappelle beaucoup de choses qui me sont arrivées. C’est pour ça que j’aime cette chanson. Chaque fois que j’écoute, ça me rappelle des souvenirs et ça me donne le courage d’atteindre mes objectifs. Bon courage à tout le monde et à mes amis.
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Parole 2 Minot : J’ai 17 ans et je suis presque depuis six mois à Marseille. Depuis que je suis ici, j’aime bien la ville, la nature, l’ambiance, la culture.
Il y’a beaucoup de gens qui disent des choses mauvaises sur nous, les migrants. Moi, je suis une personne sérieuse, je n’aime pas faire les bêtises, je n’aime pas voir les gens voler. Ce que j’aime moi, c’est la tranquillité.
Depuis que je suis ici, j’aime beaucoup aller à l’école pour apprendre le français. Au début je parlais juste un peu et aujourd’hui je parle presque bien. Plus tard, j’aimerai choisir deux métiers : soit restaurateur, soit agriculture. Si j’étais agriculteur, j’aimerais faire pousser des tomates, des oignons, du raisin, du maïs, et des melons ; car j’aime bien tous ces fruits et légumes.
Pour finir, je voudrais vous partager la musique que j’aime bien. C’est le reggae et pour moi, le plus grand c’est Bob Marley. J’aime beaucoup cette chanson-là “three little birds” et aussi pour moi la plus grande chanteuse française, c’est Aya Nakamura.
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Je suis à Marseille depuis 5 mois. Je suis parti seul de Guinée il y’a deux ans, mais, en chemin, j’ai trouvé des Sénégalais et des Gambiens et on a suivi la même route jusqu’en Libye. Là, j’ai trouvé un travail dans le bâtiment. Pendant un mois, j’ai réparé un hôtel. Mais, à la fin du mois, quand on est allés récupérer le salaire, le patron a appelé la police et on s’est retrouvés en prison pendant un mois. En prison, chaque jour, la police prenait 4 ou 5 prisonniers pour les emmener travailler sur des chantiers. Un jour, quand la police a ouvert la prison pour prendre des prisonniers, on a forcé la porte et on s’est enfuis. Derrière nous, on entendait la police tirer sur les gens.
Moi, je me suis réfugié chez un boulanger qui m’a caché et m’a fait travailler dans sa boulangerie. Avec mon salaire, j’ai payé le passage jusqu’en Sicile. Et le boulanger a rajouté de l’argent pour m’aider encore. Près de la Sicile, un bateau de la police italienne nous a arrêtés. Ils ont trié les mineurs et nous ont mis dans un bus pour aller dans une ville au nord de l’Italie.
Là, j’ai passé un an dans un foyer et j’ai pu jouer au football dans deux équipes de U-17. J’ai d’abord joué 4 mois dans un club et j’ai eu le trophée de meilleur joueur du club. Alors un autre club de la même ville a voulu de moi. J’y ai joué jusqu’à l’été et j’ai eu le trophée du meilleur buteur. C’est ce que vous voyez sur les photos.
Mais moi, je voulais venir en France parce que je comprenais mal l’Italien et je comprends le Français. A cause du covid, ça a pris du temps et, pendant ce temps, j’ai quand même appris un peu l’Italien, j’ai pas seulement joué au foot ! La France, c’est mieux pour la langue et aussi pour le foot. Quand je voyais l’équipe de France qui gagne deux fois la coupe du monde avec des joueurs d’origine africaine, je me disais qu’il y avait peut-être une place pour moi dans le football français.
Quand je suis arrivé à Marseille, c’était dur. J’ai dormi 3 nuits dehors. La première nuit, à Noailles, il pleuvait tout le temps. Le troisième jour, j’ai rencontré des bénévoles de l’association Ramina au commissariat. Ils m’ont proposé d’habiter dans une famille de Marseille. Je suis resté 3 mois chez eux, c’était très bien. Et puis l’ADDAP 13 m’a donné une chambre d’hôtel avec deux autres garçons.
J’ai passé le test CASNAV et j’espère avoir une place dans un lycée en septembre. Et j’ai aussi passé un test de footballeur dans un club de Marseille pour y aller en septembre. En attendant, je prends les cours de Français à Coco Velten. J’avais aussi une formation de Français dans un autre endroit, mais à cause du confinement, elle est arrêtée. Je voudrais avoir une formation de boulanger, même si mon rêve, c’est footballeur professionnel, par exemple, à Marseille, à Montpellier ou à Lille.
J’aime trop Marseille, parce qu’il y a beaucoup d’activités et pas besoin d’aller chercher loin pour trouver la mer.
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J’ai quitté mon village et mes parents à l’âge de 5 ans pour aller vivre dans le village de ma grand-mère. J’ai vécu là bas jusqu’à l’âge de 12 ans. A la mort de ma grand-mère, je suis retourné dans le village de ma mère. Je suis allé au collège, mais ma mère avait divorcé de mon père. Elle a eu des enfants avec un autre mari. Ils avaient fait une petite famille, je n’avais pas ma place et je n’étais pas le bienvenu là bas. Du coup, je vivais chez mon oncle à qui ma mère m’a confié.
Après 3 ans de collège, mon oncle un jour est parti en voyage au Sénégal et il m’a demandé de venir avec lui. Puis du Sénégal, on est allé au Mali. Après on est allé au Niger. A partir du Niger, on est arrivé à Agadez. On cherchait de rentrer à la frontière de la Libye. On a pris un 4×4 qui avait 12 passagers. Nous étions entassés sur le porte bagage qui était à l’arrière. Au milieu de la route, presque à la frontière de la Libye, on s’est fait arrêter. Je ne sais pas si c’était des bandits ou des rebelles. Ils nous ont dit qu’il fallait donner chacun de l’argent pour passer. Je ne savais pas la somme mais mon oncle a géré.
On a passé le Niger, on est entré en Libye. En Libye aussi on s’est fait arrêter de nouveau. De là, on avait pas d’argent car mon oncle avait donné tout aux premiers rebelles. Du coup, comme on n’avait pas d’argent, on nous a emprisonné dans des camps pour arnaquer chacun de nous en demandant de l’argent en appelant au pays. Comme moi j’étais avec mon oncle, j’étais petit, c’est lui qui a appelé. Mais ce n’était pas suffisant. Alors les arabes ont décidé de me laisser passer moi et de garder mon oncle. Mon oncle était d’accord avec ça, c’était au bout de neuf jours. Mon oncle a demandé au moins qu’on m’amene jusqu’à Sabra qui est une ville de Libye. On est arrivé à Sabra, tout le monde cherchait à rejoindre Tripoli. Le cokseur, c’est celui qui traduit aux africains quand on les arnaque et qui fait le voyage avec le chauffeur. Du coup, c’est lui qui m’a amené chez un arabe. Je ne sais pas si j’ai été vendu.
L’arabe, il n’a pas été méchant. J’ai travaillé 3 semaines pour lui aux champs. Après c’est lui qui m’a fait traverser pour aller à Tripoli. Et c’est lui même qui avait trouvé une place dans un bateau qui partait le jour même où on est arrivé. Il a parlé 30 min avec le cokseur de Tripoli en arabe et je ne sais pas ce qu’ils se sont dit. Après il m’a dit que j’allais partir en Italie, que ce serait mieux pour moi que de rester en Libye et que lui ne pouvait pas me garder. Le soir même, on a pris un bateau pour aller en Italie.
On a fait 3 nuits sur le bateau car on s’était perdu. On a été secouru par un petit bateau qui nous a ramené dans un grand bateau. On a eu de la chance, tout le monde a été secouru dans mon bateau, il n’y a pas eu de morts. C’est le grand bateau qui nous a fait rentrer en Italie. On nous a tous fait écrire notre nom et notre prénom, c’était un dimanche. Moi, j’avais perdu mes papiers dans l’eau. Il y avait des bénévoles italiens qui voulaient nous aider pour faire venir les papiers. J’ai pu faire ces papiers en Italie.
Après avoir eu mes documents, j’ai décidé de quitter pour aller en France, car j’avais appris le français. Mais ce n’est pas seulement ça, car quand moi j’ai fait la traversée sur le 4×4, j’ai brûlé ma jambe sur le pot d’échappement et les gens du campo me disaient que c’était pas facile d’être soigné en Italie. Tous les gens du campo me disaient qu’en tant que mineur, c’était pas facile de rester en Italie. Certains voulaient aller en France comme moi, d’autres en Allemagne, d’autres en Espagne. Donc moi j’ai suivi ceux qui voulaient partir en France.
Je suis allé jusqu’à Gênes et là on a été bloqué à cause du confinement. Personne ne bougeait, il n’y avait aucun train qui bougeait. On a été à nouveau dans un camp où la Croix Rouge aidait les gens durant tout le confinement. Après les trains ont commencé à circuler, on voulait passer à Montgenèvre et Briançon en train. Mais on n’est pas rentré, on s’est fait attraper par les policiers français. Les français nous ont donné aux policiers italiens qui nous ont retourné en Italie. Moi, je n’avais pas montré mes documents de mineur car on m’avait dit qu’on pouvait me les prendre et me mettre dans un camp de mineurs en Italie où il ne se passe rien.
Je suis allé avec les gens qu’on a fait retourner en Italie et on a réessayé en prenant le même train le lendemain. Du coup, on n’a pas pris le bus pour passer la frontière et on a décidé de traverser la montagne à pied. C’était cet hiver et il y avait beaucoup de neige. Certains sont passés même si les français nous courraient après. Ils avaient une tenue, mais pas comme les policiers à Marseille. Moi, je me suis fait attraper car j’avais mal à la jambe et puis j’avais pris le froid aussi, j’avais de la fièvre. Les français m’ont mis dans une cellule. C’est là que j’ai montré mes documents en disant que j’étais mineur et que je voulais traverser la France. Les français m’ont quand même redonné aux italiens en disant que j’étais mineur et que j’avais beaucoup de fièvre.
Les italiens, avant de m’amener au camp des mineurs, ils m’ont amené à la Croix Rouge, parce qu’ils avaient peur que ce soit le corona. En fait c’est pas le Corona, c’était une fièvre à cause du fatiguement. Dans le camp, j’ai raconté mon histoire et que je voulais aller en France. Les gens m’ont dit qu’ils ne peuvent pas m’aider pour ça mais qu’ils ne peuvent pas m’empêcher d’y aller. C’est comme ça que j’ai trouvé d’autres mineurs comme moi qui voulaient faire pareil. Cette fois, j’ai rencontré un groupe qui m’a dit que c’était plus facile de passer par Vintimille et Menton que par la montagne. C’est comme ça qu’on a réussi à rentrer à Nice.
A Nice, tout le monde voulait partir à Paris, mais les contrôleurs nous attrapaient dans la gare, pour la plupart. Ça a duré 3 jours, on dormait dehors à la gare de Nice, car c’est fermé la nuit. Un matin, j’ai pu prendre le train pour Paris mais on m’a fait descendre à Marseille. Là, j’ai rencontré un gambien à la gare. Il m’a dit que Paris c’était très compliqué car tous les mineurs allaient là-bas. Puis il y a eu la nuit, j’ai dormi dehors. Puis le lendemain, j’ai rencontré des bénévoles qui m’ont hébergé chez eux. Après, je suis allé à l’ADDAP, la dame m’a expliqué. Alors j’ai décidé de rester. La nuit, j’ai encore dormi dehors car il n’y avait pas la place chez les bénévoles.
Le lendemain, j’ai essayé de partir à Paris, mais il y avait les contrôleurs. Le soir, je suis revenu au commissariat et les bénévoles ont pu à nouveau m’héberger. C’est comme ça que le lendemain ils m’ont trouvé une famille où je suis toujours. Maintenant, je me sens bien, mais je me sens un peu seul. Ça fait revenir les souvenirs des mauvaises choses que j’ai vécu au pays et pendant le voyage. J’ai aussi un peu peur du futur car jusqu’à maintenant je ne sais pas où je vais finir. Je suis là-bas pour un temps et je suis en train d’attendre à l’ADDAP pour qu’on m’appelle pour un hébergement ou une prise en charge. Je voudrais reprendre mes études, trouver un chemin et un métier pour faire une vie tranquille et normale. J’espère que j’y arriverai et que je pourrai trouver la tranquillité.
En France, j’ai été accueilli par une bonne famille qui m’aide beaucoup. Notamment pour apprendre la langue française et qui me donne le courage de rester en France. Je voudrais vous partager alors ce livre qu’on m’a fait lire “L’Ile au trésor” qui est une très belle histoire que j’ai presque fini. J’ai tout compris et ça m’a fait beaucoup rigoler, car dans la vie il y’en beaucoup qui cherche le trésor. Même les aveugles sont à la recherche du trésor, car ils le sentent. Qui ne veut pas chercher le trésor d’après vous ? Pour moi, tout le monde veut. Merci beaucoup de m’avoir lu.
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Mugnal Allah Ouali, ce n’est pas mon vrai prénom. En pulaar, cela veut dire : “Patience, Dieu va nous aider”. Je suis arrivé à Marseille, il y’a environ deux mois.
Jusqu’à présent on est là, on a pas d’hôtel, on part à l’ADDAP. Ils nous donnent une mandarine et une tasse de Lipton, ça trois fois par semaine. On est beaucoup, on dort dehors, on est sous les ponts. Y’a pas l’argent, on est obligé de voler le métro pour aller à l’ADDAP, car on ne nous donne pas les tickets. Le mangé qu’on nous donne, ça ne suffit pas, trois fois par semaine une mandarine et un Lipton. Si on part au commissariat, y’a pas de places. On nous dit d’aller à l’ADDAP, mais l’ADDAP c’est fermé. On n’a pas la possibilité d’appeler nos parents. Nos parents pensent qu’on a tout parce qu’on est rentré en Europe. En fait en Europe c’est pas facile, si tu as pas de papiers, tu ne peux pas travailler, tu n’es pas libre.
Moi, j’étais en Guinée, dans un quartier populaire de Conakry. J’ai grandi avec ma tante. Ma tante a beaucoup de fils et moi elle ne m’a pas payé l’école. Elle m’a amené au garage, je rentrais à la maison. C’est moi qui faisais tout le ménage pour ses fils, mes cousins et mes cousines. Après j’ai décidé de rester au garage, parce que je ne me sentais pas bien à la maison. Toujours il y’avait des discours, on me frappait. Pourquoi j’étais chez ma tante ? Moi, je ne connais pas mon père. Il est parti quand j’étais tout petit. Maintenant j’ai 15 ans et je n’ai jamais eu de nouvelles. Je parle seulement avec ma mère, des fois. Quand j’étais au garage, elle venait me rendre visite, des fois.
C’est là bas que j’ai eu quelqu’un qui m’a amené sur la route. Moi je ne savais même pas qu’on allait en Europe. On a traversé le Mali, l’Algérie. En Algérie j’ai vu les arabes, je pensais que c’était les blancs et que j’étais en Europe. Je suis resté un peu de temps et j’ai compris que c’était les arabes. Après on est allé en Libye. Quand on est arrivé en Libye, on nous a fait rentrer dans une cour, on était plus de vingt personnes. On nous a dit d’appeler les parents pour envoyer l’argent. Tout le monde a appelé les parents. J’ai appelé ma maman, elle ne savait même pas que j’étais sorti de Guinée. Elle était au marché quand je lui ai dit, elle a eu un peu de tension et elle est tombée. Après on est resté là-bas deux semaines, on m’a envoyé l’argent. J’ai laissé là-bas quelques personnes. J’ai quitté et moi je voulais retourner en Guinée. J’étais avec une autre personne, lui il m’a encouragé comme je suis tout petit à rentrer en Europe avec lui.
On est arrivé dans un village au bord de l’eau. On nous a poussé sur l’eau, sur un zodiac, à 22h. On nous a attrapé à 2h du matin, les gendarmes de Libye. On nous a ramené dans un port, on nous a mis dans un camion. Après on nous a enfermé, moi comme j’étais petit je suis resté dans la cour pas en cellule. On est resté cinq mois, on nous frappait, il n’y avait pas à manger. On nous demandait d’appeler les parents pour envoyer l’argent. Moi, j’avais perdu le contact de ma mère. Nous, on a eu la chance de s’enfuir, on était quatre personnes. On nous a donné le contact d’un passeur pour nous remettre sur l’eau. Quand tu es en Libye, il n’y a pas moyen de revenir en arrière, comme en Guinée. Le seul moyen c’est de prendre un avion pour le Niger, donc c’est pas possible.
Le passeur nous a fait attendre trois mois qu’il y ait beaucoup de personnes. On nous a lancé sur l’eau avec une autre personne qui s’était enfui avec moi. On était plus de 80 personnes sur le zodiac. Il y avait un bateau italien qui revenait de Libye après avoir pris du carburant là-bas. C’est lui qui nous a sauvé et nous a amené à Lampedusa. On est resté une semaine à Lampedusa. Nous les mineurs on nous a amené à Sicilia. On est resté trois mois, il n y avait pas l’école, on ne comprenait pas la langue. Juste manger, dormir.
On nous donnait un peu d’argent, moi j’ai gardé et j’ai eu 150€. Avec, j’ai payé le bus pour aller à Milan, et de Milan jusqu’à Vintimille. Les policiers français nous ont attrapé dans le train pour Nice. On est resté enfermé deux heures de temps. On nous a fait les empreintes. Après les policiers français il nous ont ramenés aux policiers italiens. Mais comme j’étais mineur, moi et tous les autres comme moi, les policiers italiens nous ont ramenés en France dans le camp des policiers français à Menton.
Après il y’a quelqu’un qui est venu nous chercher dans un petit bus pour nous amener à Nice. Il nous a payé l’hôtel et il nous a dit qu’on pouvait rester si on voulait, mais qu’on pouvait partir aussi. Moi, j’avais peur car à Nice on renvoie les gens en Italie. Et aussi ce jour-là, je me suis connecté et j’ai appris que le grand frère qui m’avait fait prendre le bateau la première fois ; il a pris le bateau après la prison pour traverser et il est tombé à l’eau avant que les secours arrivent. Mes condoléances et paix à son âme. Il était fils unique. C’est moi qui ai appelé ses parents en Guinée pour les informer. On n’a pas pu retrouver son corps.
Voilà mon histoire, si vous avez lu ce que je viens de vous raconter, je supplie tout le monde : afrique, europe, celui qui a vu mon message.., si vous pouvez nous aider aussi parce que nous sommes tout seuls. On est rentré en Europe, on n’a pas de parents. Même pour manger c’est des problèmes, si vous pouvez nous aider on vous en supplie. Dieu va vous bénir.
Pour finir, je voudrais vous partager cette chanson de Corneille. J’ai commencé à l’écouter en Libye. C’est un ami qui me l’a fait découvrir pour oublier de retourner en Guinée, même si je dois mourir sur l’eau. Alors aujourd’hui je suis en France et je vis chaque jour comme le dernier.
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Bonjour, je m’appelle Barki, j’ai 17 ans et je viens de la région de Gaoual, en Guinée Conakry. Je suis arrivé à Marseille depuis 4 mois.
Je voulais venir en France pour aller à l’école et apprendre bien le Français. Quand je suis arrivé à Marseille, j’ai écouté le rappeur PNL et j’ai eu envie de faire de la musique moi aussi. Mais je ne comprenais pas assez bien le Français pour écrire en Français. Alors j’ai écrit en Italien, car, avant Marseille, j’ai vécu pendant un an en Italie dans un foyer et une dame venait nous apprendre l’Italien. Depuis que je suis à Marseille, j’ai écrit trois raps en Italien que vous pouvez écouter aussi. « Numero Uno » parle des gens qui jugent les autres avant de les connaître. Elle parle aussi du footballeur Paulo Dybala qui joue à la Juventus de Turin. Je l’admire parce qu’il attaque et il marque seul, comme moi, j’écris mes chansons tout seul, sur les musiques que je trouve sur internet. La deuxième chanson, c’est « Baby, ti amo gia ». Ça veut dire « bébé, je t’aime déjà ». C’est une chanson d’amour. La troisième, c’est « Gangsta arrivo ». Le rap de gangsta, c’est un style de rap. J’en ai beaucoup écouté en Italie pour pouvoir écrire ma chanson. Et j’ai aussi écrit une chanson en Français : « Pourquoi tu fais ça ? ». Mais je vais aux cours de Français à Velten pour pouvoir écrire mieux dans cette langue. Et, en attendant, j’aimerais bien que quelqu’un traduise mes chansons italiennes en Français. Si ça vous dit ?
Pour finir, j’aime surtout le rappeur italien Capo Plaza. Vous pouvez l’écouter aussi dans « Giovane Fuoriclasse ».
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Je suis arrivé à Marseille il y a quelques mois ; voici mon histoire :Au pays, je suis allé à l’école pendant six ans, ça me plaisait beaucoup d’apprendre, surtout le français, les dictées, la conjugaison, on dit que c’est difficile mais moi, j’aimais beaucoup ça. Après la mort de mon père et de ma mère, je suis allé vivre avec mon oncle dans un village et la vie est devenue encore plus difficile et c’était très compliqué d’aller à l’école. Alors, j’ai décidé de quitter le village et mon oncle pour aller à la ville ; j’ai pu retourner à l’école et améliorer un peu mon niveau d’études. Mais vu la situation au pays, j’ai vu qu’il n’y avait pas d’avenir pour moi et j’ai décidé de partir.Je ne savais pas que la route, ça allait être si long et si dangereux.Je suis passé par le Mali, le Burkina, le Niger et l’Algérie. Mais comme ça ne se passait pas bien dans ce pays, j’ai décidé de m’en retourner en Libye. La route de l’Algérie vers la Libye, ce n’est pas bon, c’est même la catastrophe. Après, il y a eu encore la traversée vers l’Italie, ça s’est mal passé, on a manqué d’être percuté par un autre bateau, heureusement celui qui conduisait notre bateau a réussi à l’éviter. Après, j’ai pensé que ça allait très mal se finir mais après huit heures de temps, un autre bateau est venu nous sauver.Ici, ça va mais j’ai beaucoup de mal avec la nourriture, ça fait beaucoup souffrir mon ventre. Plus tard, je voudrais me rendre utile pour les autres, je me débrouille bien dans les contacts. J’ai fait un stage dans un magasin et ça s’est très bien passé. Je vous mets la photo du magasin où j’ai travaillé.Rdv vendredi pour une nouvelle parole de minot. Partager, likez, bouleguez
Quand je suis né, ma famille était très pauvre. Je suis l’ainé. Ils n’ont pas trop les moyens. Je veux aider ma famille un jour. Je suis né malade et suis encore bien malade aujourd’hui. Je ne suis pas bien normal. J’attends des nouvelles aujourd’hui pour la prise en charge de ma maladie. L’Addap 13 s’occupe de moi depuis 5 mois. C’est eux qui m’ont dit que j’allais être pris en charge. Ils sont très gentils avec moi. Je suis à l’hôtel depuis 5 mois. Dans ma famille ils sont vraiment très pauvres. Je veux aider surtout mon frère qui est vraiment très fatigué. Je veux aussi étudier, je n’ai pas étudié dans mon pays. J’aimerai continuer à faire mon métier : soudeur. Les gens se moquent de moi car je suis très malade, je ne suis pas très normal. Je suis comme handicapé à cause de mon pied. Je voudrai être opéré pour ça parce que les gens se moquent trop de moi. C’est très difficile. C’était très difficile aussi pour moi au pays pour gagner un travail. J’ai cherché partout et je n’ai pas trouvé. Maintenant j’ai trouvé un bon métier et je vais faire ça. Maintenant je connais bien ce travail. J’ai appris la soudure en Libye. La Libye c’est pas un bon pays. C’était très dur. Souvent on part avec des machines, on part en prison pendant plusieurs mois. Si tu ne paies pas l’argent, tu ne peux pas sortir. En prison, mon patron a négocié avec les Libyens pour que je sorte, pour récupérer les machines. Je n’ai pas d’argent mais j’ai beaucoup d’expérience dans ce travail. Et je l’aime encore. Je parle malinké. J’ai appris le français dans la rue. Je ne sais pas lire et pas écrire : je peux seulement parler. Je prends des cours avec une association mais je veux aller à l’école normale. Quand j’ai quitté mon pays je n’avais pas de métier. Souvent là-bas on reste au bord de la route et si quelqu’un a besoin, il te fait travailler. Mais souvent ils te maltraitent, te traitent comme un esclave et ne te paient pas. Pour gagner à manger c’est très difficile. Je suis content aujourd’hui de connaître mon métier et je veux continuer à faire ça ici. Je vous dis à bientôt pour une autre parole de minots. Je partage cette chanson, parle ici de sa vie. ✌️Rdv lundi pour une nouvelle parole de minot. Partagez, likez, bouléguez ✌️