Je suis arrivé à Marseille, il y a quelques mois. Je ne connaissais personne. J’ai été dans la rue. J’ai rencontré des messieurs qui m’ont conduit à l’ADDAP13.
Je suis allé à l’ADDAP13, je pensais que j’allais être mis à l’abri d’ici 48 heures. Malheureusement, ils m’ont dit que je dois patienter pendant un mois. Je n’avais pas un lieu où il faut aller, du coup ils m’ont indiqué vers la police de Noailles. Je suis arrivé là-bas, j’étais dehors jusqu’à 20h, 21h. Il y a un monsieur, qui est bénévole, qui est venu me rencontrer.
Du coup, j’étais là-bas, j’ai rencontré d’autres jeunes devant la police. Quelques minutes plus tard, il y avait une femme et un monsieur qui est venu nous demander si on était nouveau, qui ont pris notre nom et notre prénom. C’est eux qui sont venus nous sauver de la situation dans laquelle on était pour nous héberger chez eux. On les remercie beaucoup pour cela.
Ensuite, eux ils nous ont beaucoup soutenus. Mais malheureusement dans la semaine, on partait à l’ADDAP13, trois fois par jour. Vraiment, ils nous ont sauvé, on a fait un mois chez le monsieur et la dame. Après un mois, on a été mis à l’hôtel par l’ADDAP13. Après, on nous a parlé des empreintes qu’on devait faire avant l’évaluation. Du coup, on était partant avec eux.
On est allé à la préfecture de police, on a pris nos empreintes avec d’autres jeunes, on était nombreux. Maintenant, moi on m’a dit au niveau de mon cas que j’étais passé dans une autre ville de France, que j’avais pas été reconnu mineur là-bas. Moi, j’avais pas compris, on ne m’avait rien dit, personne ne m’avait expliqué ce que c’est. Il n’y avait pas de bénévoles.
Ensuite, vraiment, j’étais choqué car je pensais qu’ici on pouvait me prendre. Mais je n’arrive pas à comprendre de quoi on parle, en me disant que je ne peux plus faire d’évaluation. On m’a fait sortir de l’hôtel. Je me demandais pourquoi ça, car j’ai jamais vu un juge. Maintenant, je me demande pourquoi faire des empreintes, si on ne peut pas faire l’évaluation.
Dans le premier département, je ne me rappelle pas quand est ce qu’on a fait l’évaluation. On ne m’a rien dit. Je ne savais pas avant d’arriver ici ce qu’on appelle évaluation. Ensuite, on m’a mis dehors, donc je ne savais pas où aller, je n’avais pas un toit.
J’ai pu appeler le monsieur qui m’avait hébergé les premiers jours. Vraiment c’est quelqu’un de bien, il a su me comprendre. Donc je suis venu, je suis resté chez lui quelques temps, bien avant le temps qu’on me demande aujourd’hui de faire venir les papiers de mon pays avant d’aller voir le juge. Donc, je me demande si le département de Marseille fait le travail tel que le juge demande ou tel que le gouvernement demande.
Quand j’étais à l’hôtel, j’étais choqué. J’avais demandé à mon éducatrice pourquoi on nous traitait comme ça. La réponse qu’elle me donnait c’est : “Sylla, on ne peut pas vous accepter vous tous à la fois, il faut mettre ça dans ta tête”. Donc, je me demandais pourquoi elle dit ça. Je lui ai demandé si elle est française. Elle m’a dit qu’elle est française, mais que sa mère n’était pas française à sa naissance. Alors j’ai rien dit et je suis sorti.
Moi, vraiment, ce que j’aimerai dire, c’est que ce n’est pas un plaisir de venir ici, de faire la traversée. On pouvait mourir, on pouvait rester dans l’eau. Pour certaines personnes qui étaient sur la même pirogue que moi, ça c’est pas bien passé.
Nous, on est venu en France pour faire des études. Moi, je n’ai pas été à l’école au pays. Mais malheureusement, on nous rejette. Pourtant c’est les français qui nous ont colonisé, ils nous ont appris la langue française. C’est pour ça qu’on vient en France et pas en Italie ou en Espagne, pour apprendre la langue française et apprendre un métier.
Maintenant, du coup, ceux qui nous rejettent, on ne sait pas c’est qui. C’est pas un plaisir de venir, c’est vraiment parce que ça va pas du tout au pays. Concernant notre minorité, des éducatrices et des éducateurs nous traitent mal. Ils nous traitent de racistes, on nous dit du n’importe quoi. Ce que je veux dire et après c’est fini, c’est le chef du département, c’est qui ? C’est le juge ? Nous ici, c’est les bénévoles qui sont nos pères et nos mères, mais normalement ce n’est pas leur travail.
Le département, ils disent que nous sommes trop autonomes pour être mineurs. Mais quand tu vis en Afrique dans une famille pauvre, tu dois te débrouiller tout seul pour trouver à manger. Chez nous à 12, 13 ans quand tu es un jeune garçon, il y en a beaucoup qui sont à la rue. A 14, 15 ans, c’est la merde, il y a plus de soutien.
Pour finir, je voudrais vous partager cette chanson que j’aime écouter pour garder le courage. Merci de m’avoir lu.
✌️ Rdv lundi pour une nouvelle parole de minot. Partagez, likez, bouléguez. ✌️