Bonjour, je m’appelle Hassan, j’ai 17 ans, je viens de la Côte d’Ivoire 😀

Je suis arrivé en France, ça fait deux à trois mois maintenant. Moi, ma famille a été beaucoup touché par la crise en Côte d’Ivoire en 2011, car mon père a été arrêté par les rebelles avec mon grand frère et depuis on n’a plus de nouvelles d’eux. A ce moment là mon père avait des locataires dans la cour qui venaient du Niger et à cette période tous les étrangers rentraient pour fuir la guerre. C’est comme ça que je suis parti enfant au Niger avec mon grand frère. Au Niger, on ne vivait pas bien, on n’était pas soigné, on était tous malades avec le climat de là bas. Ensuite avec mon grand frère, on est rentré en Libye et on vivait avec un vieux arabe. On s’occupait chez lui de ses chameaux, des moutons, tout ça ; et car il y avait la guerre on pouvait pas sortir. Un jour, des gens sont venus et nous ont amené de force vers la ville de Sebha. Là bas, on était dans un camp enfermé durant 10 mois, le jour on nous amenait travailler et le soir on nous enfermait et on nous tapait à chaque moment avec les crosses de kalachnikov et les tuyaux sur la tête. Des gens du Haut Commissariat aux Nations Unies venaient voir nos conditions de vies et nous n’avions pas le droit de parler. Nous étions plus de 50 dans une même cellule et un jour on a été plus de vingt à faire un plan pour s’échapper. Plusieurs d’entres nous avaient commencé à taper le mur chaque jour. Puis un soir, nous sommes sorti à plus de 30, on courait dans le désert et ils tiraient sur nous. Sept sont tombés, moi une balle a touché mon flanc, je n’ai pas vu sur le moment. Aujourd’hui j’ai la cicatrice et j’avais une grosse blessure. J’ai déchiré ma main aussi sur la clôture. Puis on est allé se cacher au bord de l’eau pour trouver un bateau, on a fait plus de deux mois dans un camp au bord de l’eau avec 300, 400 personnes qui attendaient pour le bateau. Moi, j’avais ma blessure et on a continué à se cacher pour que les personnes à notre recherche ne nous trouvent pas. Une nuit, il y’a eu trois départs de bateaux. Le premier a été arrêté par la marine libyenne. Moi et mon frère, nous avons pris le 3ème. En pleine mer, nous avons vu le second qui s’était retourné et continuait à flotter sur l’eau avec plus personnes à côté. Nous sommes arrivés vers les eaux internationales. Vers midi, le lendemain, les planches en bois à l’arrière du bateau ont cassé. Le moteur est parti et le capitaine est tombé à l’eau, on ne l’a pas revu. On a commencé à dériver et à nous enfoncer, nous étions 147 sur le bateau. Certains ont voulu plonger que de mourir noyé pour laisser la chance aux autres. Un a pris un bidon d’essence, il l’a vidé, l’a jeté et a plongé avec lui, mais il a disparu. Sept sont partis comme ça, notamment une femme camerounaise enceinte. Deux amis de ma ville natale que je connaissais bien et mon frère ont fait le choix de plonger. Ca a duré cinq secondes et puis on ne les a plus vu. Même pas cinq minutes après, deux grands bateaux, un bateau allemand et un bateau français sont venus pour nous sauver. Je suis arrivé en Italie, je suis resté quelques mois là bas et je voulais venir à Marseille. Moi depuis que j’étais enfant on me parlait de la France, car chez nous l’école est en français. Et puis je me rappelle de mon père qui m’a dit une fois que si je travaillais bien à l’école, un jour je pourrais continuer mes études en France. Et aussi, moi je viens d’une ville de l’ouest de la Côte d’Ivoire qui s’appelle Man, où il y’a beaucoup de cacao, de café, hévea, de bois… et au pays tout le monde appelle cette ville Marseille. Pour finir, je voudrais vous montrer une vidéo de Thomas Sankara, c’est la deuxième personne qui m’inspire le plus au monde après mon grand frère. Cette vidéo est son dernier discours qu’il a prononcé à l’Union Africaine à Addis-Adeba en 1987 avant d’être assassiné. Je la regarde tout le temps et je me demanderai toujours pourquoi on l’a assassiné alors que ses propos ne disent que des vérités sur notre continent ; et je me demande ce qu’il a fait au juste pour mériter ça. Aujourd’hui, je suis très heureux d’être en France, car je sais que ma vie est protégé, que je peux me ballader, pas comme en Libye et au Niger, grâce aux droits de l’homme et à la justice. J’ai fais le test pour l’école et il me tarde de commencer le lycée. Merci de m’avoir lu et puis je serai heureux d’échanger avec vous par message sur les conditions de ma vie en France. https://www.youtube.com/watch?v=e8PCuwBnhtk ✌️Rdv lundi pour une nouvelle parole de minot. Partagez, likez, bouléguez. ✌️

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