Je viens d’arriver à Marseille depuis 3 semaines. Moi, j’ai été abandonné, je n’ai pas connu ni mon père, ni ma mère. C’est ma grand-mère qui m’a élevé. Du coup après elle m’a expliqué, parce que moi je l’appelais maman, que elle c’était ma grand-mère et que c’était elle qui avait mis ma maman au monde. Elle m’a expliqué qu’après mon accouchement, ma mère est décédée une semaine après. Après ça mon père est décédé. J’ai été abandonné par la famille de mon papa, car mes parents n’étaient pas mariés et que c’est le réglement musulman qu’ils ne pouvaient pas être mes tuteurs. C’est pour cela que ma grand-mère m’a élevé. Un jour, un monsieur qui habitait dans la même cour avec ma grand-mère et avec moi m’a parlé et m’a proposé de partir en voyage avec lui. Il m’a dit que là où il va m’envoyer je pourrai aller à l’école, faire une vie meilleure. C’est comme ça qu’on est arrivé en Libye. On était dans une maison et les arabes sont venus le prendre lui, car c’était le plus âgé. Je ne sais pas où il est parti jusqu’à aujourd’hui je n’ai plus de ses nouvelles. Après je suis resté chez un arabe pour qui je travaillais, je partais couper les herbes pour nourrir les moutons. Ça a duré au moins six mois comme ça. Un jour, il m’a mis dans le coffre de la voiture en me disant qu’il allait m’envoyer dans un coin où la vie est meilleure. Il m’a déposé à côté de la plage. Quand j’ai vu ça, j’ai eu peur. Il m’a dit que si je me retournais, ils allaient me tuer et que si je ne prenais pas la mer, j’allais mourir. Car là bas c’est leur territoire et si je devais mourir c’est dans la mer pas sur leur territoire. Au bout d’une ou deux semaines, on a pris le petit bateau en plastique. Peut-être qu’il y en avait qui savaient nager mais moi j’ai jamais appris. Les gens qui étaient sur les côtés du bateau, il y en a qui sont tombés. Six ou sept comme ça, qui avaient le vertige et qui sont restés dans l’eau. Après on a été secouru par un gros bateau qui nous a ramené en Italie à Sicilia. Après il y avait les journalistes qui nous posaient des questions, après on nous a mis dans un car pour aller à l’hôpital faire les examens. Mais en Italie c’est compliqué de comprendre la langue. Moi en Côte d’Ivoire, même si ma grand-mère n’avait pas eu les moyens pour nous mettre à l’école, j’ai appris le français parce que c’est la langue populaire. C’est comme ça que j’ai rencontré une dame avec son enfant à Sicilia qui parlait français et qui m’a dit de faire le chemin avec elle pour aller en France. Donc du coup quand on est arrivé, il y’a eu un contrôle à Marseille et je n’avais pas le ticket du train, ni les papiers. C’est comme ça que je suis arrivé à Marseille et que je suis chez un hébergeant bénévole. Je me suis inscrit à l’ADDAP pour être reconnu mineur. Ils m’ont demandé mon nom, mon prénom et m’ont dit de passer là-bas le lundi, le mercredi, le vendredi de 9h à 12h et qu’ils allaient me chercher un hôtel. Ils m’ont dit que j’allais attendre maximum deux mois et que j’allais devoir me débrouiller pour trouver un endroit où dormir. Ils m’ont dit aussi d’aller à la police le soir pour demander un endroit pour dormir. C’est comme ça que j’ai trouvé les bénévoles qui m’ont hébergé depuis. Voilà, c’est mon histoire. Ce que j’ai vécu, c’est pas facile, mais depuis que j’ai rencontré des bénévoles je me sens un peu mieux, je suis à l’aise. Je me dis qu’il y a des gens pour m’aider, me donner à manger. Pour finir, je voudrais vous partager cette de Alpha Blondy “Jerusalem”. Il parle de l’Afrique où il y a beaucoup de problèmes dans les familles. Il chante pour tous les gens qui ont pitié des orphelins, car lui aussi son histoire c’était pas facile quand il était enfant. Même s’ il n’a pas subi les mêmes choses que moi, j’aime beaucoup écouter cette chanson. Et je me dis que si lui a réussi, moi aussi pourquoi pas un jour. ✌️ Rdv vendredi pour une nouvelle parole de minot. Partagez, likez, bouléguez ✌️