J’ai 16 ans et je viens de GuinĂ©e Conakry.
Jâai une grande famille, je viens dâune famille polygame. Jâai 3 sĆurs et 3 frĂšres, dont un frĂšre et une sĆur qui ont la mĂȘme mĂšre que moi. Jâai pas vĂ©cu dans le mĂȘme foyer que mes vrais frĂšres et sĆurs : ils sont plus ĂągĂ©s, ils vivent chez la grande sĆur de ma mĂšre.
Ma mĂšre est dĂ©cĂ©dĂ©e pendant mon enfance, câest comme si je lâavais jamais connue, câest la deuxiĂšme femme de mon pĂšre qui sâest occupĂ©e de moi. Elle me donnait du travail, des marchandises Ă vendre dehors. Elle Ă©tait violente avec moi si je ne voulais pas le faire elle me battait. Je mâentendais pas trop bien avec elle.
Jâai eu mon oncle, le frĂšre de ma mĂšre, au tĂ©lĂ©phone et je lui ai dit que ça allait pas avec elle. Donc il est venu, il a vu quâelle sâoccupait mal de moi et il mâa dit « viens je vais mâoccuper de toi et je vais te mettre Ă lâĂ©cole ». On est restĂ© chez lui 2 jours. Il devait partir Ă lâĂ©tranger pour chercher du travail et donc il mâa emmenĂ© avec lui. On est parti au Mali, en bus. On a traversĂ© le Mali pendant 2 jours, on dormait dans le bus ; on avait pas beaucoup Ă manger câest mon oncle qui partait en chercher quand on faisait des arrĂȘts. On est parti en AlgĂ©rie en pickup. Mon pĂšre avait un ami en AlgĂ©rie donc on a dormi lĂ -bas. AprĂšs, moi, mon oncle et son ami on est parti en Tunisie. En AlgĂ©rie il y a le rapatriement donc lâami de mon oncle ne voulait pas se faire expulser, il est venu avec nous. On a dormi sur un chantier pendant 4 mois, mon oncle et son ami partaient travailler la journĂ©e. On mangeait Ă notre faim parce quâils avaient lâargent quâils gagnaient la journĂ©e.
Ensuite un jour mon oncle mâa emmenĂ© prĂšs de la mer et il mâa dit « on doit traverser ». Comme je nâavais nulle part oĂč aller je lâai suivi sans trop poser de questions. On Ă©tait avec plusieurs autres personnes et on est parti dans une grande barque en bois. La traversĂ©e Ă©tait trĂšs difficile, il y avait beaucoup de vent et de vagues, et quand on sâest fait rĂ©cupĂ©rer par le bateau de sauvetage, on a fait naufrage car quand le bateau de secours arrive, tous le monde se bouscule. Notre bateau sâest retournĂ© et mon oncle sâest noyĂ©.
On Ă©tait en Italie Ă Lampedusa. On a fait la quarantaine, puis on est parti dans une autre ville italienne et lĂ -bas jâai rencontrĂ© quelquâun (un autre migrant) qui voulait aller en France aussi. On est parti ensemble Ă Saint-Etienne. On est venu en train ; on sâest fait attraper par la police la premiĂšre fois, puis on a rĂ©essayĂ© et on a rĂ©ussi Ă passer. A Saint-Etienne jâai Ă©tĂ© pris en charge par les services sociaux mais ils ne mâont pas reconnu le statut de mineur donc il mâont remis Ă la rue. AprĂšs quelquâun ma payĂ© un billet de train pour aller Ă Marseille. Jâai Ă©tĂ© pris en charge par RAMINA puis par le dĂ©partement qui mâa trouvĂ© une place en hĂŽtel. AprĂšs ils ont vu quâĂ Saint-Etienne ils ne mâavaient pas jugĂ© mineur, du coup jâai du voir avec mon avocat. Ils mâont remis Ă la rue et RAMINA a trouvĂ© une famille pour sâoccuper de moi.
Ăa fait un mois que je suis chez eux. Ils sont trĂšs gentils, ils sont une grande famille. Je suis les cours de français de RAMINA, jây vais depuis le mois de janvier. Je suis pas tranquille car je connais pas ma situation pour la suite. Jâaime bien la France, de toute façon je ne peux pas aller ailleurs car je ne parle que français et soussou, ma langue maternelle.
Pour finir, je vous partage cette chanson de Banlieuzâart, un duo de GuinĂ©e que jâaime beaucoup. Je les Ă©coutais dĂ©jĂ au pays.
â Rdv vendredi pour une nouvelle parole de minot. Partagez, likez, boulĂ©guez ïžâ